>Histoire

18 / 01 / 2020

Chambre des corporations : le retour ?

Dans FO militante N° 3320 (page 22), notre camarade Christophe Chiclet rappelle l’importance de l’échec gaulliste lors du référendum d’avril 1969. Il écrit : « pour la première et dernière fois de son histoire, la CGT-FO donne une consigne de vote politique ».

Le général de Gaulle prétend, par la fusion du Sénat et du Conseil économique et social, constituer une Chambre des corporations. Les militants syndicalistes y siègeraient et deviendraient « co législateurs ».

Le congrès confédéral réuni quelques semaines avant le vote dégage une écrasante majorité en faveur du NON. Robert Bothereau, André Bergeron, Alexandre Hébert, Yvon Rocton, Pierre Lambert et bien d’autres mènent campagne pour la victoire du NON qui l’emporte.

Désavoué, de Gaulle démissionne. (1).

Cette tentative d’instaurer « à froid » un régime de type « corporatiste » et son rejet continue de marquer la situation de son emprunte.

Battus dans les urnes, les corporatistes repartent à l’assaut, cette fois, du côté « gauche ». C’est François Hollande en fin de mandat qui instaure une commission dite Bartolone-Winock chargée de relancer le projet.

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M.Winock (à gauche sur la photo) est historien. Auteur d’une « histoire politique de la revue Esprit ». Admirateur d’Emmanuel Mounier, inspirateur de l’école de formation des cadres du régime de Vichy.

Bartolone est président « socialiste » de l’assemblée nationale en 2012.

L’OS d’octobre 2015, N°658 précise :

« ( … ) S’inscrivant dans la lignée de projet de constitution du maréchal Pétain du 30 janvier 1944, de Gaulle proposait l’introduction au Sénat d’un contingent de « sénateurs », élus politiques. Le rapport Bartolone va plus loin en proposant l’élection de « sénateurs sociaux-professionnels » par les membres des corps qu’ils représentent ; hyper avant-gardiste côté démocratie participative, le projet pétainiste de 1944 contenait déjà partiellement cette « innovation bartolonienne ».

Le président « socialiste » est « dégagé » avant d’avoir pu œuvrer.

Triple échec, donc : par « l’extrême droite » avec Pétain, par la « droite » avec de Gaulle, par la « gauche » avec Hollande.

Macron et la Chambre du futur.

Comme ses illustres prédécesseurs, Macron entend remettre le couvert. L’affaire Bénalla, la mobilisation des gilets jaunes fragilisent le régime contraint de temporiser. (Sans oublier les résistances de nombre de sénateurs pas décidés à lâcher leurs petits avantages).

Alors projet enterré ? Pas tout à fait. Certains veillent.

Ainsi, un certain « lobby citoyen » (sic !) intitulé MUSES (2)  fait cette proposition de réforme institutionnelle :

« Renforcer la représentation citoyenne au niveau national en fusionnant le Sénat et le Conseil Economique et Social Environnemental. Toujours en projet mais jamais réalisée, cette seconde Chambre serait un contrepoids à l’Assemblée nationale, composée de trois collèges représentant la société civile, des citoyens tirés au sort et des maires de petites communes. MUSES propose de reconnaître à cette Chambre une mission d’évaluation des lois avec pour double prisme, la réponse à l’intérêt général et l’utilité des politiques publiques ainsi qu’une mission de contrôle parlementaire en liaison avec la Cours des comptes ».

Toujours en projet mais jamais réalisée …

Le think tank « citoyen » s’impatiente et se positionne en meilleur garant de « l’intérêt général ».

Le patron du lobby citoyen n’est autre que notre ex et très fugace secrétaire général de la CGT-FO. Mieux vaut le savoir.

(1) Désabusé, le général cherche à se consoler auprès de Franco qu’il rencontre en juin 1970 :

« Je lui ai dit que tout compte fait, sa gestion à la tête de l’Etat espagnol était positive » et : « j’ai été heureux de faire personnellement votre connaissance, c’est çà dire celle de l’homme qui assure, au plan le plus illustre, l’unité, le progrès et la grandeur de l’Espagne et je n’ai pas manqué d’être fort impressionné par notre entretien »

Lignes extraites de : « de Gaulle, 1969, l’autre révolution » par un admirateur, Arnaud Teyssier (« haut fonctionnaire et historien ») qui note :

« L’admiration de De Gaulle pour le dictateur espagnol est sincère ». On avait bien compris.

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Franco et de Gaulle tous deux adeptes de la doctrine sociale de l’Eglise.

Après-guerre, de Gaulle vante les mérites de la politique « sociale » de Vichy qui dit-il, « n’était pas sans attraits », en particulier la Charte du travail « co construite » par l’ex syndicaliste, « N° 2 » de la CGT, René Belin.

Fin mai 68, le syndicat clérical CFDT oppose au corporatiste de « droite », de gaulle, le « corporatiste de « gauche » Mendès-France, lui aussi bien sûr partisan d’une chambre, moderne ! non de dieu ! des corporations.

La rencontre de juin 1970.


(2) MUSES : « pour un Modèle Universel, Social, Emancipateur ». MUSES s’adresse aux « entreprises » et à « nos décideurs ».La rencontre de juin 1970.

 Entreprises :

« Pour tous les acteurs économiques qui souhaitent engager leur marque employeur dans une démarche citoyenne, conscients de la nécessité de co-construire une société plus solidaire et plus soutenable ».

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Les bons vœux 2020 du lobby citoyen : « Que 2020 soit l’année d’une unité renforcée entre tous face aux défis qui nous dépassent individuellement … »

Quant aux militants syndicalistes qui défendent les intérêts particuliers des salariés, des exploités, ils militent pour que les projets destructeurs du gouvernement et ses alliés divers finissent dans les poubelles de l’Histoire.


J M janvier 2020
 

chaud ! chaud ! chaud !

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