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22 / 02 / 2023

Augmenter les salaires : une solution autant qu’une nécessité

© Pierre GLEIZE/REA

 

Pour assurer le financement du système des retraites, et de meilleures pensions, l’une des premières solutions réside dans la hausse du niveau des salaires. Mécaniquement, cela augmenterait les cotisations sociales, soit la part du salaire versée directement par l’employeur aux caisses de sécurité sociale pour financer la protection sociale et ses diverses prestations, dont les pensions de retraite. Sauf que — et FO le dénonce de longue date — une tendance inverse est à l’œuvre, qui freine les augmentations salariales. Elle est portée par le développement en entreprise de mécanismes d’intéressement exonérés de cotisations sociales et/ou de primes annuelles désocialisées et défiscalisées. Lesquelles sont bien ancrées dans le paysage depuis 2019. Qu’on les appelle « prime exceptionnelle de pouvoir d’achat » ou autre.

Dans une étude parue en 2020, l’Insee a pointé la minoration immédiate des hausses de salaire intervenues en 2019 et l’expliquait par le versement de cette prime. « Les établissements auraient sans doute versé, sous une forme différente, au moins une partie du montant de cette prime en l’absence de cette mesure », constatait l’institut.

Baisse de 2,2% du salaire mensuel de base en 2022

Le retour de l’inflation, qui se maintient à un niveau très élevé, n’inverse pas cette tendance des employeurs à vouloir contenir les hausses de salaire. L’augmentation générale des prix des biens et des services contribue surtout à la hausse — automatique — du Smic, révèle le service statistique du ministère du Travail dans une étude parue le 9 février.

S’il constate effectivement en 2022 dans le secteur privé une progression du salaire mensuel de base (SMB) ou salaire brut (c’est-à-dire avant déduction des cotisations sociales), cette hausse des salaires ne compense pas celle des prix à la consommation. Loin s’en faut, et l’explosion depuis des mois de légitimes conflits salariaux en témoignent ! Lorsqu’elle est rapportée à l’inflation (+ 6 % en 2022), et calculée en euros constants, la hausse du SMB sur l’année (+ 3,8%) se transforme… en une baisse de 2,2 %. C’est mathématique. Dans le détail, en 2022, et donc en tenant compte de l’inflation, le SMB a régressé de 1,4% pour les ouvriers, de 1,7% pour les employés, de 2,8% pour les professions intermédiaires et de 3,1% pour les cadres.

Compression de l’échelle des salaires

Si la régression du SMB est moindre pour les ouvriers en 2022, il y a une bonne raison. Ils sont nombreux à être payés au Smic. Et le salaire minimum légal bénéficie de règles de revalorisation automatique visant à garantir le pouvoir d’achat, lesquelles s’imposent aux employeurs. Ceux-ci ont donc répercuté les nombreuses hausses du Smic (lequel a augmenté cinq fois entre le quatrième trimestre 2021 et janvier 2023). Par contre, les salariés qui ne sont pas directement concernés ne bénéficient pas de cette protection de la loi. Résultat, comme le constate le service statistique du ministère dans une autre étude parue le 2 février (qui décortique les conséquences de l’inflation sur les salaires), « le rythme et l’ampleur des hausses du Smic ne se répercutent que partiellement sur la distribution des salaires de base ».

Autrement dit, les employeurs allouent des augmentations salariales très inférieures à celle du Smic. D’où la compression de l’échelle des salaires, partout constatée et dénoncée.

FO conteste le risque d’apparition d’une boucle inflation-salaires

Dans ce contexte, la déclaration du vice-président de la Banque centrale européenne (BCE) paraît bien mal-à-propos. Le 9 février, Luis de Guindos a suggéré aux syndicats de modérer leurs revendications salariales face aux hausses des prix afin de ne pas alimenter une éventuelle boucle prix-salaires. Autrement dit, l’apparition d’une situation dans laquelle la hausse des prix entraînerait une hausse des salaires, laquelle entraînerait à son tour une nouvelle hausse des prix, dans une boucle vite incontrôlable.

FO se contentera de lui rappeler que les économistes jugent ce phénomène rare. Fin 2022, une étude du Fonds monétaire international (FMI), basée sur des données historiques, l’a encore rappelé. Par contre, les salariés voient chaque jour leur pouvoir d’achat entamé par la hausse de l’inflation et subissent, depuis des années, malgré leurs investissements au travail, une minoration des augmentations salariales auxquelles ils peuvent légitimement prétendre, laquelle impactera demain le montant de leur pension de retraite.

C’est avec le salaire que l’on remplit le frigo !

Pour FO, seule l’augmentation des salaires est structurellement la réponse pérenne au maintien du pouvoir d’achat des salariés du public comme du privé.

FO souligne l’importance du salaire, contrepartie du travail fourni et générateur de cotisations dont on sait, d’autant plus en ce contexte, combien elles sont essentielles au financement de notre système de protection sociale collective. La préservation du salaire différé est une priorité de FO.

La négociation collective doit rester le principal levier de l’augmentation des salaires. C’est par la pratique contractuelle ou conventionnelle, voire le rapport de force si nécessaire que les salaires doivent être garantis. A cet égard, il est indispensable que toutes les branches professionnelles, les entreprises et la Fonction publique qui ne l’ont pas encore fait, ouvrent des négociations dans les plus brefs délais. Redonnons la place qui est la sienne à la négociation collective !

FO revendique notamment un mécanisme d’échelle mobile des salaires applicable à l’ensemble de la grille de salaires et la garantie d’un écart minimum entre les différents niveaux des grilles de salaires afin que les revalorisations ne conduisent pas à un tassement de celles-ci.

FO défend une véritable politique salariale et non une politique des « revenus », raison pour laquelle elle n’a pas soutenu les rustines gouvernementales que sont l’indemnité inflation, le chèque énergie, le chèque carburant qui n’existent pas dans le code du travail ni dans aucune convention collective. En aucun cas, les dispositifs de partage de la valeur tels que la participation, l’intéressement, la prime de partage de la valeur, l’épargne salariale ne doivent, même s’ils figurent dans le code du travail, se substituer à de véritables augmentations de salaires. Ils ne doivent pas être mis en balance dans les négociations salariales pour faire obstacle à des augmentations !

Augmenter les salaires, c’est maintenant !

chaud ! chaud ! chaud !

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