>Histoire

20 / 11 / 2019

. « Allô Jupiter, ici la terre »

Note de lecture.« Allô Jupiter, ici la terre » de Pascal Pavageau

Pavageau n’est pas totalement inactif. Il a constitué son « lobby citoyen », MUSES. Il s’adresse à tout le monde, y compris les « entreprises … qui pensent que s’engager ensemble permet d’aller plus loin ».

« Rien de tel que des MUSES pour inspirer JUPITER » décidément mal conseillé. C’est la conclusion des 259 pages. Au moins, nous sommes prévenus. MUSES associe quelques « écologistes » un ex préfet admirateur de Manuel Valls.

1 / Le ralliement à l’Europe vaticane.

Pavageau : « On a tendance à l’oublier mais l’Europe est avant tout une voie de la paix, 70 années sans guerre sur ce territoire … » Il est vrai que l’UE a reçu collectivement le prix Charlemagne ! Non, on n’oublie pas qui sont les « pères fondateurs », ni leurs origines. Les éditions des BEATITUDES le rappellent :

– Robert Schuman : « Sur son lit de mort en 1963 était suspendue une vierge ancienne en bois doré qui lui avait été donnée par le parlement européen ». il avait pour modèle le régime corporatiste de Salazar.

– Adenauer : « Il découvrit providentiellement deux encycliques sociales, rerum novarum de Léon XIII, Quadragesimo anno de Pie XI ». La seconde bénit le régime mussolinien.

– De Gasperi : « de Gasperi se prononça en faveur de l’entrée du Parti Populaire (chrétien) dans le 1er gouvernement de Mussolini. Il approuve le concordat Mussolini-Eglise catholique. C’est une libération pour l’Eglise et une chance pour l’Italie ».

Les Beatitudes signalent que De Gasperi fut jadis combattu « par les partis aussi bien de droite que de gauche » et que » maintenant, ils en sont tous d’ardents défenseurs ».

Voilà la « communauté » européenne chère aux vichystes d’hier et d’aujourd’hui. C’est selon l’expression du camarade Alexandre Hébert, « l’Europe vaticane ».

Alexandre Hébert a toujours combattu les illusions « européennes ».

Quant à Pavageau : « Il nous appartient de veiller ensemble à ce que notre Europe reste une société dont nous soyons fiers … » pitoyable.

2 / Le capitalisme « dévoyé ».

Pavageau : « Je constate, sans être économiste, que les grands concepts théorisés à la naissance du capitalisme ont été totalement dévoyés par les deux chocs pétroliers. Alors qu’une juste distribution prévalait entre travail et capital, les entreprises ont été amenées, pour traverser la crise et faute de modes de régulation adaptés, à sacrifier les investissements les moins immédiatement productifs ».

Ainsi, avant les deux chocs pétroliers le capitalisme, c’était bien, c’était chouette. Et puis, patatras, faute de mécanismes de « régulation » du régime de l’exploitation de l’homme par l’homme, nos pauvres entrepreneurs – les apporteurs de capitaux comme on dit dans les milieux pieux – sont contraints, on imagine la souffrance, de procéder à quelques mesures douloureuses certes, d’allègement des effectifs. Il insiste : « Le capitalisme était censé servir les intérêts de la communauté et non seulement d’une poignée de  privilégiés, ce qui impliquait de traiter et de payer correctement ceux qui travaillent ». Notons que Pavageau invoque sans rire … Karl Marx !

Le mal, c’est « la finance » qui pollue tout. Les « décideurs », « nos » décideurs doivent mettre en place les mécanismes de « régulation » nécessaires, afin de limiter les « excès » préjudiciables à la bonne marche du système ». Pétain ne disait pas autre chose et à sa suite, tous les corporatistes de « droite » ou de « gauche » des XXème et XXIème siècles.

3 / Pavageau innove.

a / La sécu. Il écrit : « Il est temps d’arrêter l’hypocrisie sur la nature réelle de la CSG : elle doit être clairement un impôt à l’assiette la plus large possible et exclusivement dédié au financement des aides familiales, de la maladie non professionnelle, comme de la dépendance des personnes âgées. En résumé, la rémunération différée financerait les aléas du travail, la CSG financerait les aléas de la vie et l’impôt financerait l’ensemble des politiques publiques. C’est le seul moyen, selon moi de préserver les piliers
fondamentaux du modèle social à la française ».

b /« retraites par points, c’est le travail sans fin ».

Question du journaliste : peut-on concilier le principe d’égalité que vous défendez et l’existence des régimes spéciaux dérogatoires ?
Réponse de Pavageau : « honnêtement, non. Sur la question des 42 régimes, il faut continuer dans la même logique que la fusion AGIRC ARCCO. Tout d’abord mutualiser ce qui peut l’être en matière de gestion … je préconise de prendre le temps d’identifier les spécificités propres aux régimes telles que celles liées à la pénibilité, à l’âge de vie en bonne santé et à l’âge moyen de décès de la profession concernée … faire converger dans une « retraite commune » les différents régimes est possible ; sur un sujet aussi crucial, il faut prendre le temps du diagnostic et faire en sorte qu’il soit partagé par le plus grand nombre. … l’harmonisation public-privé est possible … »

c / Jeunesse : « les très bonnes mesures … »

Il écrit : « (…) Même un jupitérien a conscience que tout le monde n’est pas sorti de la cuisse de Jupiter ! Il (Macron) se donne donc pour mission de lutter contre ces fameuses inégalités de destin en s’y attaquant à la racine. Cela explique les très bonnes mesures sociales prises, telles que celles relatives :

– au dédoublement des classes

– à la gratuité du petit déjeuner à l’école.

– à l’extension de l’aide sociale à l’enfance jusqu’à 21 ans;

– à l’élargissement de la garantie jeune à 500 000 personnes

– à la multiplication des places en crèches ».

Bien sûr, rien sur la sélection à l’université. Rien sur la « réforme » des collèges et des lycées. Rien sur la tentative de soumettre l’école aux pouvoirs locaux Rien sur l’opération scolarisation obligatoire à 3 ans etc.

Imaginons un instant le SG de la CGT-FO intervenant sur cette « orientation » au congrès national de la FNEC. Succès garanti !

L’ex syndicaliste Pavageau répète ce que disent les « syndicats »-corps intermédiaires qui accompagnent les contre réformes.

4 / Les services publics.

Question du journaliste : peut-on le moderniser, le réformer, ce service public … ?
Réponse de Pavageau : « bien sûr que oui. Il faut en finir avec le mythe du fonctionnaire momifié. (…) Ce qui manque cruellement aux 5,4 millions de fonctionnaires, c’est du sens » Pas du salaire ? On se croirait à la CFDT. !

Il poursuit « Il est temps qu’un capitaine courage montre quelle voie le service public doit emprunter et ainsi permettre aux fonctionnaires et agents publics de comprendre pourquoi et vers où se diriger … quels sont les besoins publics du moment, les nouveaux à prendre en compte tout comme ceux à supprimer … … de façon à éviter les doublons, les guéguerres de compétences dignes de la guerre des boutons. Que ce soit en 2007, 2012, ou 2017, la réponse de l’Elysée ou de Matignon a toujours été favorable, considérant que cela relevait du bon sens, mais dans les faits… »

Pavageau ministre aurait-il cogné plus dur que les ministres ?

Plus loin :
« ( … ) Je propose que toute privatisation – comme toute nationalisation – rêvons un peu – ne puisse s’effectuer sans un référendum préalable … »
« ( … ) Il est nécessaire de faire évoluer les maisons de service au public qui sont bien souvent de simples guichets indiquant aux usagers des conseils généralistes … il faudrait que ces maisons soient composées de services spécifiques – un pôle finances publiques, un pôle urbanisme, un pôle état civil etc – (le etc est important) auxquels pourraient se greffer des guichets des entreprises délivrant des services essentiels du quotidien, SNCF, EDF, ENGIE etc La mutualisation doit aussi bien porter sur les locaux que sur les effectifs ».

Les camarades de la FGF-FO sauront-ils tirer parti de ces courageuses innovations ?
On l’a compris, rien n’échappe à la frénésie réformatrice de Pavageau. Tout ceci est agrémenté de bons mots destinés, sans doute, à faire avaler la pilule. Sur les EHPAD : « Pardon si je suis cru sur des gens qui sont cuits ».

Si Jupiter se marre* ce sera au moins ça d’acquis …

5 / quelques oublis.

Il n’en dit rien. Ce n’est pas faute de place :

a / Avril 1969 : référendum gaulliste. Notre confédération avec son secrétaire général, André Bergeron, en plein accord avec Robert Bothereau, mène la campagne pour le double NON qui l’emporte. Echec au corporatisme. A. Hébert met les militants en garde : ils ont perdu dans les urnes, ils ne vont pas lâcher l’affaire. Pavageau se tait.

b / 1982-1983 : la CFDT et Delors imposent le plan dit de « rigueur ». Une loi Auroux-Aubry invite le patronat à déroger aux conventions collectives … Pavageau se tait.

c / 2005 : référendum « européen ». Le NON l’emporte. Nouvel échec du corporatisme. Pavageau se tait.

6 / Ralliement à visage découvert au néo-corporatisme vert du XXIème siècle.

A ce stade, difficile de ne pas voir où prétend nous mener Pavageau. Pour couronner l’édifice, c’est désormais le passage obligé, vient l’ode à la décroissance, mais attention pas n’importe laquelle : une « forme de décroissance ». Pavageau rabâche les formules de sa sainteté le pape François.
Depuis au moins 2007, depuis la farce du Grenelle de l’environnement, Pavageau se fixe pour objectif d’éclairer les « décideurs » pour que continue la « mobilisation citoyenne pour le Climat ». La majuscule est déjà tout un programme.

A quoi bon se battre pour défendre nos acquis, la sécu, les 42 régimes de retraite … puisqu’il y a l’autre « urgence », climatique ?

Berger le dit bien … et d’autres …

Parlant de « l’écologie politique », le camarade A. Hébert parlait de « fascisme vert ». Bien sûr, Hébert était parfois un peu extrémiste. Mais enfin, dans cette affaire, il avait bien raison.

Pour conclure : Pavageau en appelle à la bonne volonté des « décideurs », c’est-à-dire, les « politiques » financés par les capitalistes. André Bergeron avait coutume de dire : Les « politiques » sont bien dans l’opposition. C’est pourquoi, il serait bon qu’ils y restent définitivement. C’est le contenu du « dégagisme » qui inquiète tant l’ex syndicaliste comme d’ailleurs la « révolte » des gilets jaunes

« Basculer dans l’anarchie » ?

« On l’a vu, le désespoir, la haine et la violence contenus dans ce mouvement n’ont pas seulement conduit à des attaques de symboles républicains, ils ont également failli faire vaciller les institutions ( –(celles du « coup d’Etat permanent » !) – et basculer le pays dans l’anarchie ».

L’anarchie ? Voilà donc l’ennemi démasqué. Sacré Pavageau …

Et le bouquet final : « Aussi, et il faut s’en féliciter, l’organisation à mi-mandat d’un Grand Débat national doit être regardée comme un moment nécessaire et même comme une formidable occasion de redonner vie à la démocratie participative … » hélas, hélas, le débat fut « dévoyé » …. Comme le capitalisme …

Pour notre part, nous continuons la besogne obscure mais féconde, en défense, toujours, des intérêts particuliers des salariés.

* « On se marrait bien ». C’était au bon vieux temps où Jupiter, ministre de l’économie de Hollande adressait en pleine réunion, on l’espère discrètement, des SMS à l’ex secrétaire général de notre CGT-FO pour rire aux dépens des « conseillers » stupides du Prince.

Jacques Moisan 13-11-2019

 

chaud ! chaud ! chaud !

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