>Histoire

30 / 08 / 2018

10 mai 1981 : L’indépendance syndicale en question.

Introduction.

Alors que l’avenir du pouvoir macroniste privé de toute base sociale s’avère incertain, on tente ici ou là de nous vanter les mérites d’une nouvelle association partis-syndicats, association élargie à certains secteurs de la « société civile ». Ce n’est pas nouveau, c’est le moins que l’on puisse dire.

Toute l’histoire du mouvement ouvrier est ponctuée de tentatives de cet ordre. On peut, afin d’en comprendre les dangers, revenir sur l’histoire de la « parenthèse de la rigueur » de 1982 … parenthèse jamais refermée.

Les militants syndicalistes qui ont connu la période ouverte par la parenthèse de la rigueur se rappellent qu’à l’époque, les confédérations ouvrières étaient sollicitées pour accompagner les mesures gouvernementales. Le gouvernement « pluriel » de « gauche », incluant la participation de quatre ministres « communistes », avait décidé sous l’impulsion du 1er ministre Pierre Mauroy et du courant dirigé par le ministre de l’économie Jacques Delors, d’impulser une politique entièrement tournée contre les intérêts particuliers des salariés. La CFDT se trouvait tout naturellement associée à cette politique qu’elle revendiquait d’ailleurs ouvertement. (1). Les traditions de la CFDT, ne sont pas celles de la Charte d’Amiens.

Avant le 10 mai 1981, le patronat en embuscade.

On sait que la CFDT, partisane de l’inversion de la hiérarchie des normes prétend renvoyer toutes formes de « négociations » patronat-syndicats de salariés au niveau de l’entreprise. Une large fraction du patronat partage cet objectif.

En juillet 1980, le C.N.P.F. (Centre National du Patronat Français) a tenté d’imposer la signature d’un accord relatif à « l’aménagement de la durée du travail » dont l’objectif réel était évidemment l’abaissement du coût du travail. Son allié naturel, la CFDT, avait relayé l’opération en signant chez B.S.N. un accord d’entreprise présenté comme un modèle. Mais aménagement du temps de travail n’est pas réduction du temps de travail ; au contraire. Le président du C.N.P.F., Yvon Chotard, militant déterminé du « droit d’expression du salarié dans l’entreprise » appréciait les services rendus par la centrale cléricale. Mais cela ne lui suffisait pas.

Revenu d’un voyage d’étude au Japon, le leader patronal commentait :

« L’une des clés de la concertation permanente et de la compétitivité dans l’industrie nipponne est l’existence de cercles de qualité qui regroupent au sein des ateliers la mise au point d’idées sur la marche des entreprises ».

Mais en France, les salariés disposent de leurs syndicats, en particulier notre C.G.T-F.O. qui permet de résister et de revendiquer. Les patrons novateurs imaginent certes tout un arsenal de bidules participationnistes. Jo. Salamero (ancien secrétaire de l’UD CGT-FO de Gironde) en cite quelques-uns dans l’Ouest syndicaliste de juin 1981. Il y a les E.R.A.C.T. Equipes de Recherche pour l’Amélioration des Conditions de Travail, les G.T.O. c’est-à-dire, on l’aura deviné, les Groupe de Travail Opérationnel ; il serait injuste de passer sous silence les R. C. A. pour : Recherche Collective d’Amélioration.

Cette imagination foisonnante est alimentée par certaines officines patronales spécialisée dans le défrichage de pistes « innovantes », officines liées, étroitement, aux idéologues de la centrale cléricale, la C.F.D.T. C’est le cas notamment du groupe « Entreprises et progrès ». (2)

On pourrait se moquer de cette frénésie « révolutionnaire » et s’en tenir là. Jo. Salamero préfère alerter les militants syndicalistes :

« Que nous le voulions ou non, la multiplication des « accords d’entreprises » a considérablement dévalorisé la notion et l’efficacité des conventions collectives. Il semble qu’aujourd’hui, la voie soit ouverte pour passer du syndicalisme d’entreprise au « syndicalisme d’atelier, de service et à l’individualisation ».

Une chose est certaine, les objectifs du programme commun C.N.P.F. – C.F.D.T. sont clairement affichés et restent plus que jamais d’actualité.

Il s’agissait bien, sous prétexte d’aménager le temps de travail, par la grâce de « l’expression directe des salariés » de contourner les prérogatives des deux confédérations syndicales, C.G.T et C.G.T-F.O. et d’aboutir à individualiser le contrat le travail. C’était déjà l’objectif de rétablir une forme adaptée au XXème siècle du contrat de louage de service des temps anciens.

L’offensive du C.N.P.F.D.T. a échoué. C’est un fait. Aujourd’hui, plus de 90 % des salariés sont toujours protégés par une convention collective. Notre confédération n’y est pas pour rien !

Le programme commun du gouvernement de gauche n’a rien du programme de « rupture avec le capitalisme » qu’évoque Mitterrand les jours de fête.

Certains syndicats ont choisi d’en assurer la promotion. Mal leur en a pris. Le tournant de la rigueur a bien vite contribué à dissiper les illusions.

  1. Le tournant de la rigueur a bien vite dissipé les illusions. Certains ont cru à un changement de ligne de la CFDT. ii y aurait eu une CFDT « révolutionnaire » en mai 1968, suivi d’un « recentrage » avec abandon de la perspective « révolutionnaire ». En réalité, la centrale cléricale adapte son attitude aux circonstances, mais toujours sur l’axe de « l’association Capital-travail », jadis baptisée autogestion, aujourd’hui, co détermination.
  2. C’est en février 1985, qu’Entreprise et Progrès finalise son projet de société idéale. Le titre : « le contrat collectif d’entreprise ». L’objectif ? Casser le code du travail. : « que les salariés cessent de revendiquer du quantitatif ». C’est du CFDT pur sucre, version mai 68 actualisée. Et, il faut qu’enfin, les « performances des entreprises » ne soient plus entravées par les « rigidités » du code du travail ; les salariés doivent de bon gré – c’est le « dialogue social » – (de force, ce serait le fascisme) accepter « l’abandon d’avantages acquis dangereux pour la survie de l’entreprise », voire, accepter « une baisse sensible des rémunérations ». En décembre 68, les patrons CFDtistes avaient salué avec enthousiasme la création de la « section syndicale d’entreprise ». (Source : Michel Noblecourt, le Monde, 2013). En 1982, certains d’entre eux estiment que le moment est venu de pousser l’avantage.

Jean Boissonnat sort la même année son fameux rapport : le travail dans vingt ans. Le directeur des Semaines Sociales de France, éditorialiste à la Croix partage les préoccupations d’Entreprise et Progrès.

« Les ordonnances ou le fait du prince ». (Titre de l’éditorial d’A. Hébert, Ouest syndicaliste du 1er décembre 1981).

Mitterrand, auteur du fameux pamphlet, « la Vème république, le coup d’état permanent », élu 1er Bonaparte-« socialiste » de la république issue du coup d’état du 13 mai 1958, déclare, à peine intronisé :

« La Constitution de 1958 est mauvaise mais je m’en accommoderai … avec moi, elle ne présentera pas de danger. »

L’article 16, il confère au monarque, en cas de « troubles graves », des pouvoirs exorbitants. C’est alors « l’état d’urgence » qui autorise la suspension, bien sûr présentée comme « temporaire », des libertés démocratiques les plus élémentaires.

Rappelons aussi que l’article 38 autorise le président « arbitre » à contourner le parlement. Le champion en la matière reste le 1er ministre « deuxième gauche » Michel Rocard. Les ORDONNANCES font partie de l’arsenal anti démocratique des institutions de la Vème république.

Rappelons que la publication des ordonnances en 1967 est à l’origine de la grève générale de mai 1968. (Voir à ce sujet la brochure de l’UD CGT-FO de Loire-Atlantique : mai-juin 1968, 10 ans ça suffit ! Le combat de l’UD FO pour l’indépendance syndicale).

Le combat pour l’indépendance syndicale reste avec l’élection du nouveau Sauveur, François Mitterrand, plus que jamais d’actualité.

François Mitterrand « refonde » la gauche au congrès d’Epinay de 1971. Pour parvenir à ses fins, il adopte une posture très à « gauche ». il parle de « rupture avec le capitalisme » et n’hésite pas à déclarer que ceux qui ne le suivent pas dans cette voie, n’ont rien à faire au nouveau parti socialiste.

Elu président, il prend quelques mesures qui fâchent la CFDT, par exemple les 39 heures payées 39 heures. mais, très vite, il n’est plus question de politique socialiste. En opposition avec son « le coup d’état permanent », il s’engage avec Delors, Maire (CFDT) et l’appui du PCF dans une voie conforme aux intérêts du patronat que n’accepte pas FO.

« Les comités locaux pour l’emploi ».

A peine installé, le gouvernement pluriel de gauche annonce la couleur. Il s’agit de promouvoir la « citoyenneté dans l’entreprise ». Les élucubrations autogestionnaires de la CFDT des années 60 et 70 réapparaissent sous une forme adaptée.

Citoyens dans l’entreprise ? Quelle blague ! Dans l’entreprise capitaliste, le salarié vend – le moins mal possible – sa force de travail. Les propriétaires des moyens de production cherchent, eux, à « baisser le coût du travail ». Pour parvenir à leurs fins, ils doivent neutraliser l’action revendicative des syndicats de salariés. Parfois, par la violence avec un Etat fort, parfois en intégrant les syndicats à la gestion.

Cette seconde méthode est celle du gouvernement de « gauche ».

C’est le journal clérical Ouest-France qui vend la mèche. Dans son édition du 29-10-1981, on apprend qu’un comité local a vu le jour « discrètement » dans le « Pays de Lorient ». L’honorable quotidien, un tantinet nostalgique des provinces d’avant 1789, croit pouvoir se réjouir. A Lorient, des élus politiques – dont on ne précise pas s’ils sont de « gauche » ou de « droite », ils sont du pays de Lorient, n’est-ce pas suffisant ? des patrons, des syndicats … se réunissent « dans une démarche autogestionnaire » pour, tous ensemble, chercher des solutions « équitables » au redoutable « fléau » du chômage.

L’émotion gagne irrésistiblement le saint-quotidien quand il décrit exploiteurs et exploités, main dans la main, communier à l’ombre du Gwenn ha du, sous l’œil bienveillant – et attendri – du préfet, représentant de l’Etat piloté par des néo-socialistes, adeptes de la subsidiarité chère à l’Eglise catholique.

. Les syndicalistes sont invités à participer à la chasse aux « double emplois » et aux « faux chômeurs ».

« ( … ) Pour la première fois, des partenaires sociaux, le plus souvent très éloignés les uns des autres, ont décidé de travailler ensemble dans l’intérêt général ».

Voilà, la chose est dite : l’intérêt général

Et ce sont ces vieilleries que l’on nous ressort éternellement comme des nouveautés révolutionnaires. Et les syndicats de salariés devraient s’y soumettre … et puis quoi encore ! La ficelle est trop grosse. Gouvernement de « gauche » ou pas, FO ne marche pas ! FO reste un syndicat fidèle aux enseignements de la Charte d’Amiens, n’en déplaise aux partisans pluriels d’un « nouveau » Front populaire – de « combat, ou de luttes » du XXIème siècle.

On nous a déjà fait le coup.

L’Union départementale CGT-FO de Loire-Atlantique prend position. Résolution de la CA réunie le 4 novembre 1981 :

« La Commission administrative de l’UD de la C.G.T-F.O. de Loire-Atlantique réunie le 4 novembre, soucieuse de maintenir l’indépendance de l’organisation syndicale et son rôle représentatif des intérêts des travailleurs, face à l’Etat et au patronat, décide :

qu’en aucun cas, elle ne saurait ni cautionner, ni participer, à la création de comités locaux pour l’emploi destinés à associer patrons, Etat et salariés, au nom d’un prétendu intérêt commun et servir d’instrument pur et simple des plans décidés par le gouvernement. Elle demande à ses militants et à ses syndicats de respecter scrupuleusement cette décision. Personne ne saurait se prévaloir de son titre de responsable de la C.G.T-F.O. pour participer à un Comité de cette nature ». (Source : Ouest-syndicaliste 15 novembre 1981, «éditorial d’A. Hébert intitulé : « la courroie de transmission … »

Le syndicat n’est pas un « corps intermédiaire » aux ordres du pouvoir.

La déclaration de guerre : le 21 mai 1982.

Depuis Epinay/Seine, Pierre Mauroy déclare devant les délégués et Sections et Groupes socialistes d’Entreprises :

« Les hausses nominales excessives des revenus et des salaires entretiennent l’inflation et privent notre économie des moyens de créer des emplois ». Les hausses de salaires seraient la cause du chômage ! Les salariés qui revendiquent avec leurs syndicats des hausses de salaires seraient responsables de l’augmentation du chômage. Mauroy s’exprime comme le chef du patronat.

Il faut savoir tirer les bilans afin de ne pas rééditer les graves erreurs du passé. En 1981, la CGT est bien plus qu’aujourd’hui sous l’emprise du parti communiste. Pourtant, les contradictions existent. Dans une nouvelle version de l’ « histoire de la CGT, » sous-titrée curieusement « bien-être, liberté, solidarité », on lit ce commentaire : « 1981 : le 10 mai, F. Mitterrand est élu président de la République. L’arrivée de la gauche au pouvoir déclenche un immense espoir qui sera vite suivi d’une profonde désillusion ». Le constat est tout à fait exact. Mais si l’on ne veut pas reproduire les erreurs du passé, il convient d’analyser sérieusement les causes …

« A partir de 1984, une forte campagne idéologique sur le thème du partage du travail et des revenus sème le trouble … » (page 151) Les cléricaux de la « deuxième gauche » sèment leurs petites graines partout où ils le peuvent … encouragés par une partie de la direction cégétiste. Ceux-là poussent à la dislocation de la CGT pour le plus grand plaisir du patronat.

Il faudrait donc ne plus revendiquer. Il faudrait savoir « ne pas commencer une grève » … et accepter la politique des chrétiens de « gauche : le partage du travail … et des revenus, le partage « équitable » de la misère.

Le patronat ne peut rêver de plus fidèles serviteurs que ces « socialistes » en peaux de lapins.

Delors s’en prend, lui, aux allocations de chômage : « il y a deux millions de chômeurs, je me garderai de verser des larmes de crocodile». Le chômeur (et l’indemnité chômage) devient l’ennemi : «  le chômeur qui attend chez lui qu’un travail arrive … »

Et, cerise sur le gâteau, ce bref commentaire sur la vie infernale de patrons : « c’est dur d’être chef d’entreprise aujourd’hui, c’est dur de se battre sans arrêt. Je pense à ceux qui, depuis vingt ou trente ans dirigent une entreprise, exercent des responsabilités, doivent faire face au progrès social ». (Cité par A. Hébert dans l’Ouest syndicaliste). Pauvres patrons …

Le gouvernement d’union de la gauche va imposer le blocage des salaires et tenter de contourner les deux confédérations ouvrières par la grâce des lois dites « d’expression directes des salariés », les lois Auroux, concoctées par Martine Aubry, lois que notre Union départementale avait qualifiées de « lois Aubry, lois pourries … »

La loi du 11 février 1950 imposée par la CGT-FO est inévitablement elle aussi, dans le viseur :

« A l’origine, le patronat s’en tenait à la pratique individuelle du contrat de louage de services. Il a fallu des décades de luttes (et la grève générale de mai-juin 36) pour faire reconnaître les conventions collectives. En suspendant cette loi, le gouvernement remet en cause la place et le rôle des syndicats ». (Alexandre Hébert Ouest syndicaliste, 3 juin 1982.)

Jacques Delors a d’abord été militant de la CFTC. En 1964, il se retrouve à la CFDT, conservant les mêmes idées. En 1969, il est conseiller « social » du gaulliste Jacques Chaban-Delmas ; c’est l’association temporaire au gouvernement d’un partisan de l’association Capital-Travail de « droite » avec un partisan de l’association Capital-Travail de « gauche ».

Dans son livre, « l’unité d’un homme », J. Delors s’efforce, après bien d’autres de nous convaincre que la lutte des classes est une vieillerie qu’il convient de « dépasser » afin de promouvoir « l’intérêt général ». Pour le très chrétien Delors, il s’agit plus simplement du bien commun.

Le corporatisme de madame Aubry.

Les idéologues de la CFDT imposent leur politique. Voici la loi Auroux du 13 novembre. L’historien Stéphane Sirot résume les enjeux :

« 82-83, c’est le tournant de la rigueur … et puis il y a les lois Auroux, on en parle souvent, il y en a quatre. Il y en a une qui est du 13 novembre 82 qui instaure l’obligation de négocier dans les entreprises sur les salaires et le temps de travail mais qui introduit également pour la 1ère fois dans notre droit social la notion d’accord dérogatoire ce qui signifie donc la possibilité de signer dans les entreprises des accords moins bons que ceux du niveau supérieur.

C’est le début de la remise en question en profondeur de cet acquis de 36 qui établit la hiérarchie des normes.

C’est 36 qui établit cet acquis-là. C’est la loi Auroux du 13 novembre qui va l’ébranler et qui va être suivie par toute une série de lois … si on ne prend que les dernières, la loi El Khomri et les ordonnances Macron ne sont que les lointains enfants de cette loi Auroux du 13 novembre 1982 et, en effet, le résultat, il est simple : vous prenez tout simplement quelque chose de très concret entre la période qui a suivi mai 68 et la période qui commence à partir du début des années 80 ; tous les gouvernements se sont sentis obligés d’accorder par exemple des coups de pouce au salaire minimum et, quand on regarde, le pouvoir d’achat du salaire minimum a augmenté de 30% entre 1968 et 1983.

C’est à partir de 83 que les choses ont changé. Tournant de la rigueur, mais encore une fois, ce sont les lois Auroux qui ont déporté la négociation vers l’entreprise au niveau où le monde du travail a souvent le plus de difficultés à se faire défendre.

Les lois Auroux ont bien été de ce point de vue là un tournant … et tout cela sur fond de déclin de la gauche communiste, de la gauche critique …

( … ) «  ceux qui réfléchissent à comment contourner le syndicalisme, comment faire en sorte qu’il y ait plus de syndicalisme d’accompagnement, ceux qui réfléchissent à cela sont pour la plupart des gens qui s’inspirent d’une philosophie qui est revenue au goût du jour avec l’élection de Macron qui se réfère à ce philosophe, Emmanuel Mounier, philosophe qui a développé une théorie qui s’appelait le personnalisme. Eux en matière de relations sociales, ils ont appliqué cette idée du personnalisme en considérant qu’il fallait tout réduire au plus petit atome, l’entreprise d’abord, puis l’individu avec toujours cet objectif d’individualiser toujours plus les relations sociales. Ainsi, on parviendra à faire croire que l’entreprise est une communauté d’individus qui vivent ensemble et qui ont le même objectif et que le syndicalisme de lutte ait moins de moyens pour mobiliser … »

(Pour plus de précisions, on peut se référer à « corporatismes d’hier et d’aujourd’hui », édité par l’UD FO 44, en particulier de la page 235 à 243).

Détruire l’école laïque, remettre en cause la loi de séparation de 1905.

L’instauration d’une nouvelle mouture de « l’association capital-travail » de la fin du XXème siècle ne va pas sans la volonté de remettre en cause la loi de séparation de 1905 et l’école publique laïque. C’est le ministre  « socialiste » Alain Savary qui est chargé de jeter les bases d’un grand service public unifié et – surtout – décentralisé.

Depuis la loi Debré, les gouvernements de la Vème république avaient mené une banale politique d’asphyxie budgétaire. Les néo-socialistes, avec les encouragements des ministres « communistes », prétendent aller beaucoup plus loin. Il s’agit cette fois d’étendre au service public, les caractéristiques des écoles privées (confessionnelles, catholiques à 95 %). Chaque école devrait se doter d’un « projet éducatif » particulier, validé par la « communauté éducative », projet n’excluant pas, dans la tradition de Vichy, l’enseignement religieux.

A « droite », une fraction de la hiérarchie catholique comprend tout l’intérêt de la manœuvre. Mais ce courant d’inspiration rocardienne se heurte dans la grande famille catholique aux hésitations de ceux qui craignent de voir les spécificités de l’enseignement catholique diluées.

Seule Confédération ouvrière, la C.G.T.-F.O. refuse toute forme de privatisation, même au nom du grand service public unifié. Le Comité Confédéral National réunie en janvier 1983 condamne fermement les mesures de décentralisation, la gestion tripartite, la généralisation du projet d’établissement, premières étapes d’une politique réactionnaire de « privatisation des établissements publics ».

Les instituteurs et professeurs de collèges et lycée comprennent la nécessité de se rassembler au sein de notre Confédération pour organiser la résistance avec l’ensemble des salariés. L’autonomie de la F.E.N. ne pouvait à terme aboutir qu’à son intégration à l’appareil d’Etat via de multiples organes de cogestion et finalement à son explosion et sa disparition pure et simple.

(Pour plus de précisions, voir l’article intitulé : Snudi FO, les instituteurs retrouvent le chemin des Bourses du travail.)

La F.C.P.E. avait inventé la « laïcité de plein vent », ici injustement oubliée.

En guise de conclusion.

Mars 2018, la C.G.T-F.O. affirme le rôle central du syndicalisme confédéré indépendant.

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« 1982, le tournant de la rigueur ».

Intervenant à l’occasion du congrès confédéral de la C.G.T-F.O. en mars 2018, Patrick Hébert, secrétaire de l’UD C.G.T-F.O. de Loire-Atlantique de 1992 à 2015 et ancien membre de la CE confédérale, indique :

Le milliardaire américain Warren Buffet a déclaré : « C’est la guerre de classes et ma classe est en train de la gagner.

« La classe au pouvoir, avec ses institutions, au plan mondial, au plan européen, mène la guerre contre la classe ouvrière. Ce n’est pas tout à fait nouveau. La lutte des classes, elle ne date pas d’hier … en ce qui concerne la France, on peut le dater : 1982.

Martine Aubry a rappelé à cette tribune, que sur les lois Auroux, à l’époque, notre organisation n’était pas d’accord sur tout, c’est le moins que l’on puisse dire !

1982, tournant de la rigueur !

Ça fait un bail maintenant.

Et, depuis, tous les gouvernements qui se sont succédés, systématiquement, ont remis en cause peu ou prou, selon le rapport de forces, nos conquêtes sociales. C’est ça la réalité. Et, aujourd’hui, il est clair que ce gouvernement veut aller encore plus loin dans cette démarche, étant entendu que l’objectif du patronat est de nous ramener dans les temps anciens à l’époque de ce que l’on appelait le contrat individuel de louage de service, nous le savons tous cela … »

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Les gouvernements réactionnaires, partisans de l’association Capital-Travail – peu importe la dénomination – ont tous voulu :

  • Imposer une forme de Charte du travail. les syndicats de salariés sont priés, plus ou moins courtoisement, selon le rapport de forces, de cesser de revendiquer et de ne se préoccuper que de « l’intérêt général ».

  • Imposer un Concordat qui scelle l’accord entre l’Etat et les autorités religieuses ; en France : l’Eglise catholique.

La période ouverte par la victoire électorale de mai 1981 aura une nouvelle fois confirmé que la « permanence de la lutte des classes » ((A. Hébert) est une réalité incontournable.

En refusant de rallier l’union sacrée des partisans du « changement maintenant », en refusant de s’inscrire dans un « large rassemblement » baptisé par ses auteurs « progressiste » notre Confédération a joué son rôle de défense des intérêts particuliers des salariés.

Il ne saurait être question de changer en quoi que ce soit cette attitude de principe, ni aujourd’hui, ni demain, sous aucun prétexte.

J. M été 2018.

chaud ! chaud ! chaud !

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